A mon réveil, la nuit est tombée et une fine pluie perle sur mon visage. Et pour cause, à ma grande surprise je me rends compte que le toit de l'aubette a disparu. Disparu ? Pas vraiment, du grillage remplace le béton. Mais comment ? Combien de temps ai-je dormi ? En vérifiant sur ma montre, juste quelques minutes. Impossible. Le brouillard a disparu mais j'y vois à peine plus claire , seule la faible lueur des quelques réverbères éclairant la pénombre de la rue. L'air est encore peu respirable, l'odeur étouffante du souffre ayant été remplacée par un mélange écœurant de sang mêlé de rouille. Encore à genoux sur le sol humide, je m'appuie sur ce qui reste du banc pour me relever et me retrouve face au plan. Je remarque alors que la vitre protectrice de celui-ci a elle aussi disparu, laissant ce dernier à portée de main. Je le prends pour le consulter, et je sursaute en voyant « Lily »inscrit à l'adresse du rendez-vous. Du sang...Cette vision me soulève le cœur. Qui a pu écrit le nom de ma fille avec du s...Ma fille ! Sa poussette est vide ! Les attaches sont ouvertes et Lily n'y est plus ! La panique me gagne, je tourne sur moi-même pour essayer de la voir et crie son nom à perdre haleine. En vain.
A bout de souffle, mes nerfs lâchent et les larmes viennent se mêler à la pluie. Lily. Comment n'ai-je pu remarquer plus tôt sa disparition ? Elle n'a pas pu s'échapper toute seule, elle est bien trop petite, elle n'aurait pas eu la force pour se détacher pour ensuite partir vadrouiller, elle qui tient à peine debout...Seigneur, pas âme qui vive durant deux heures et un enfoiré a profité de mes quelques minutes d'absences pour me prendre mon enfant ! Mais qui ? Je n'ose pas imaginer quelle sorte d'individu a pu l'enlever alors que j'étais évanouie près d'elle. Peut-être a-t-on profité que j'étais retournée pour m'étrangler puis la kidnapper ? Non, ce n'est pas cohérent, je l'aurais senti s'il s'agissait d'une agression. Toutes mes pensées s'embrouillent, je n'arrive plus à réfléchir. Un grognement résonne dans l'obscurité et me fait reprendre conscience de ma situation : je suis seule dans une ville abandonnée. Seule ? Un deuxième grognement, plus long et intense me confirme le contraire...Je ne vois pas encore ce qui en est l'origine, mais le fait que je l'entende de plus en plus distinctement m'indique que je ne vais pas tarder à le savoir. Je fouille nerveusement dans mon sac pour m'emparer de ma bombe lacrymogène et la pointer vers la direction de ce qui ressemble à un énorme chien.
Mon corps est paralysé par la peur et mes mains tremblent tellement que je ne sais pas si j'aurai la force d'appuyer sur la bouteille. Mais la bête ne me laisse pas le temps de réfléchir et bondit sur moi avec une rage folle, me renversant sur le dos de tout son poids ! J'évite de peu sa gueule béante pour contrer son attaque en le bloquant sous la gorge à l'aide de mon bras, imbibant mon gilet de son sang. La créature n'a plus de peau, elle est écorchée vive...Quelle horreur ! Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur le sort de cet animal rendu fou par la douleur, il faut que je lutte pour ma propre survie ! Je prends mon courage à deux mains, rassemble mes esprits et pense à Lily...Je dois être forte. Pour elle. Pour moi. Pour nous. Je brandis alors la bombonne et vise les yeux la créature pour l'aveugler. Plus le temps de réfléchir ! Je m'enfuis, courant aussi vite que je peux dans Silent Hill, cette ville que j'ai quitté il y a si longtemps et que je ne reconnais désormais plus...